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Je t'aime en fleur prise à revers par le vent
corolle de tulipe brune étoilée,
en houle d'herbe haute à fond de vallée,
en cascade chevelure au bois vivant,

en sirène échouée au soleil avant
la vague-retour de la mer en allée,
en nymphe qui fuit, immobile, foulée
jusqu'au bout de ton sommeil d'ange rêvant.

Je t'aime amoureuse et que l'amour renverse
à plat ventre sur le dard qui te transperce ;
si je suis naufragé c'est toi mon radeau.

Plage et planche table et trapèze, je t'aime
ainsi même quand tu me tournes le dos
puisque c'est sur lui que mes baisers essaiment.
© Luc Estang
Sonnet n° XLII, in recueil Corps à cœur (Ed. Gallimard, 1982), section 1 : Blason.