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Devine quels appas tu me laisses surprendre
même s'ils sont cachés : sur terre deux beaux fruits
pour faire se dresser la branche et s'y suspendre
tentants de gai savoir avant qu'on soit instruit ;

sur mer îlets jumeaux pour faire se détendre
un poisson raide entre eux au sens du frai conduit
et dans l'air un couple de colombes tendres
jouant pigeon vole avec un coucou séduit.

Globes à ma main, durcissement doux, coupoles
ô tétins érigés au cœur des aréoles
ta gorge, plénitude à bouche que veux-tu !

Si mon goût vient d'un philtre obscur bu dans les langes
que ce charme demeure outre-tombe, vertu
pour voir en corps glorieux tes seins et les anges !
© Luc Estang
Sonnet n° X, in recueil Corps à cœur (Ed. Gallimard, 1982), section 1 : Blason.