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Voyant, Puce, que tu peux
En mille beaux petits lieux,
Bannis de notre lumiere,
Seule t'y donner carrière,
Qu'à toi il laisse seulement,
S'il te plaît, impunément
Prendre folle ton adresse
Dans le sein de ma maîtresse,
O que tu as de beaux traicts
De plaisir dont tu te paies,
Et dont se diversifie
Le doux appât de ta vie,
Car, s'il te vient à propos,
Tu vas prendre ton repos,
Ainsi te mets en dommage
Dessus son tendre visage.
Là tu piques son œil rond,
Voltiges sur son beau front,
Sur ses levres tu te poses,
Pareilles aux belles roses ;
Ou, s'il te vient à désir,
Tu vas tes ébats choisir
Dessus sa gorge albâtrine
Ou sur sa large poitrine.
De là tu viens suçoter
Deux tetons pour t'allaiter,
Et là, petite friande,
Se trouve aussi ta viande.
Soulée d'un bon repas,
Tu prends ton déduit* plus bas,
La part qui m'est, hélas! close,
Et que nommer je ne t'ose.
Bref, Pucette, s'il te plaît,
Rien d'elle caché ne t'est ;
Quelque endroit où tu te portes,
Là t'est ouverte la porte.
Tu peux exercer tes tours
Partout où tu prends ton cours :
Il n'y a voile ni robe
Qui tes plaisirs te dérobent.
Tu peux étancher sans fin
La soif et la longue faim
Dont tu te trouves saisie
De Nectar et d'Ambrosie.
[...]
* plaisir