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Ton torse sur lequel nul voile ne s'agrafe,
Par les contours exquis d'un modelé divin,
Pour l'animal qui dort chez l'homme, écrit en vain
Le poème du Beau, sans faute d'orthographe.

Dans une pure étude avançant pas à pas,
Ne goûtant que la fleur des extases candides,
Je peins ton sein de neige et tes hanches splendides,
Je t'admire, nue, et tu ne me troubles pas.

Pourtant tu jures d'être une amante fidèle :
De tes sombres cheveux à ton ferme talon,
L'artiste ne peut voir en toi que le modèle.

Quand mon tableau sera fini pour le Salon,
Viens dans mes bras, ainsi qu'une grande hirondelle,
Avec ton corset noir et ton blanc pantalon.
© Maurice Donnay
1888 - in Autour du Chat Noir (Ed. Grasset, 1926 - p.70-71)