(…)
Lorsque j'ai soif de rage et de caresse,
En un mot, que je veux choisir une maîtresse
Telle que le dieu grec les élève à son jeu,
Une femme de lit, je m'inquiète peu
Des petits pieds de reine et des yeux en amandes.
Ce qu'il me faut, à moi, ce sont les chairs flamandes
Que dessinait Rubens de son hardi pinceau.
Quant à ces doña Sol* aux tailles d'arbrisseau
Dont les cheveux pleureurs vont en rameaux de saules,
C'est trop triste pour moi. Mais de larges épaules,
Des jambes d'amazone et des bras sans défaut,
Et des muscles de fer, voilà ce qu'il me faut !
Avec son torse fier, la Vénus Callipyge,
Comme poème épique, est un rare prodige.
Des bandeaux moyen âge avec des yeux cernés
Font de sombres profils d'archanges consternés ;
Mais cette lèvre rouge et ce sein qui frissonne,
Le port majestueux que la stature donne,
Ces hanches aux plis durs, ces robustes appas,
Qui vous les donnera, si vous n'en avez pas ?
(…)
* référence à l'amante d'Hernani dans la pièce de Victor Hugo (1830)