En veston gris, en chapeaux mous, par les quinconces,
Avec des mouvements câlins et paresseux,
Rôdent les icoglans (1) paradisiaques, ceux,
Ô Prudhomme, qu'au feu céleste tu dénonces.
Les tantes ! peuple hilare et nocturne pour qui
Tout sergent de ville est un oncle débonnaire,
Près des Ambassadeurs où chahute Bonnaire (2),
Où les gommeux boivent de l'ale (3) et du raki. (4)
Dans les temples indoux que tapisse la cure
Infaillible de tous les bobos, sans mercure,
Ils lèvent les banquiers en rut, impudemment.
Et le poète Jean Lorrain de Normandie,
Accordant pour leur los (5) sa syntaxe hardie,
Les célèbre en vers faux, avec étonnement.
Avec des mouvements câlins et paresseux,
Rôdent les icoglans (1) paradisiaques, ceux,
Ô Prudhomme, qu'au feu céleste tu dénonces.
Les tantes ! peuple hilare et nocturne pour qui
Tout sergent de ville est un oncle débonnaire,
Près des Ambassadeurs où chahute Bonnaire (2),
Où les gommeux boivent de l'ale (3) et du raki. (4)
Dans les temples indoux que tapisse la cure
Infaillible de tous les bobos, sans mercure,
Ils lèvent les banquiers en rut, impudemment.
Et le poète Jean Lorrain de Normandie,
Accordant pour leur los (5) sa syntaxe hardie,
Les célèbre en vers faux, avec étonnement.
(1) page du Sultan dans l’ancien Empire ottoman
(2) Eléonore Bonnaire avait l’habitude d’interrompre ses chansons pour interpeller les spectateurs
(3) bière de fermentation haute
(4) eau-de-vie turque
(5) louange
© Laurent Tailhade
in Pays du Mufle (1920)
- Un grand merci à Patrick Cardon, des éditions GayKitschCamp / QuestionDeGenre, de m'avoir procuré ce texte, via Gilles Picq qui en a établi une nouvelle édition en 2009.