Heureux ce soir où je tâtais la cuisse...
Charles Espinay
Heureux ce soir où je tâtais la cuisse,
Et l'embonpoint de toi douce Maîtresse,
Pour la faveur et friande caresse
Qui se rendit à mon vouloir propice.
Penseriez-vous qu'on du appeler vice
Tous ces moyens que l'Amour nous adresse,
Quand de chercher le loyer il nous presse
Qu'a mérité un fidèle service ?
Vous souvient-il par une douce feinte
Que me disiez avoir été contrainte
Laisser couler un peu ma main ardente,
Montrant à l'heure un espoir que j'avais
De retarder encore quelques fois
Si douce peau, dont ma main se contente ?
in Sonnets amoureux (Ed. Robert Étienne, Paris, 1560)