L’adorable repos, les brèves accalmies,
Vous seules me les donnâtes, ô mes amies !
Voyant paraître enfin la lune à l’arc d’argent,
Je me repose et me désennuie, en songeant…
Vous fûtes la douceur de mes heures mauvaises,
Le baume oriental qui trompe les malaises,
Et vous m’avez conduite en un verger païen
Où l’âme ne regrette et ne désire rien.
Vos fûtes le parfum du soir sur mon visage,
Et la volupté triste, et la tristesse sage.
Au hasard du Destin, vous fûtes tour à tour
La sereine tendresse et le mauvais amour.
Je vous prends et je vous respire, mes aimées,
Ainsi qu’une guirlande aux fraîcheurs embaumées.
Vous avez su tourner vers vous tous mes désirs,
Et vous avez rempli mes mains de souvenirs ;
Je vous le dis, à vous qui m’avez couronnée :
« Qu’importent les demains ? Cette nuit m’est donnée !
« Qu’importe désormais ce qui passe et qui fuit ?
Nul vent n’emportera l’odeur de cette nuit. »
Vous avez dénoué mes cheveux, ô maîtresses
Qui mêliez en riant des roses à mes tresses !
Si bien que je n’ai plus sangloté de ne voir
A mon front ni léger pampre ni laurier noir.
La gloire m’a souri dans les aubes dorées
Puisque ma gloire est de vous avoir adorées.
Vous m’avez enseigné dans les jardins, sachant
Qu’ainsi je vous louerais, l’amertume du chant.
Et d’une voix parfois troublée et parfois claire,
O femmes ! j’ai chanté dans l’espoir de vous plaire.
Vous seules me les donnâtes, ô mes amies !
Voyant paraître enfin la lune à l’arc d’argent,
Je me repose et me désennuie, en songeant…
Vous fûtes la douceur de mes heures mauvaises,
Le baume oriental qui trompe les malaises,
Et vous m’avez conduite en un verger païen
Où l’âme ne regrette et ne désire rien.
Vos fûtes le parfum du soir sur mon visage,
Et la volupté triste, et la tristesse sage.
Au hasard du Destin, vous fûtes tour à tour
La sereine tendresse et le mauvais amour.
Je vous prends et je vous respire, mes aimées,
Ainsi qu’une guirlande aux fraîcheurs embaumées.
Vous avez su tourner vers vous tous mes désirs,
Et vous avez rempli mes mains de souvenirs ;
Je vous le dis, à vous qui m’avez couronnée :
« Qu’importent les demains ? Cette nuit m’est donnée !
« Qu’importe désormais ce qui passe et qui fuit ?
Nul vent n’emportera l’odeur de cette nuit. »
Vous avez dénoué mes cheveux, ô maîtresses
Qui mêliez en riant des roses à mes tresses !
Si bien que je n’ai plus sangloté de ne voir
A mon front ni léger pampre ni laurier noir.
La gloire m’a souri dans les aubes dorées
Puisque ma gloire est de vous avoir adorées.
Vous m’avez enseigné dans les jardins, sachant
Qu’ainsi je vous louerais, l’amertume du chant.
Et d’une voix parfois troublée et parfois claire,
O femmes ! j’ai chanté dans l’espoir de vous plaire.
© Renée Vivien
in Flambeaux éteints (1907)
in Flambeaux éteints (1907)