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"Lucas, contente mes désirs ;
Allons,
C'est assez dormir :
Faut-il toujours te prévenir
Sur un plaisir
Que l'hymen fait sentir ?
Non, je ne puis m'en abstenir,
Rien ne peut me contenir;
D'un autre je vais l'obtenir, pour te punir." 
Dans le moment Isabelle
Se lève et prend la chandelle ;
De son époux
Méprisant les dégoûts,
Se lève tout en courroux
Et s'en fut trouver Martin
Qui, dès le grand matin,
Etait au rendez-vous
Lucas, bien loin d'être chagrin,
Est charmé de son dessein
Et bénit cent fois le destin
D'être débarrassé de ce lutin.
Catin
L'attendait dans le jardin
Où, pour certain,
Son mari mettait Isabelle en train :
Mieux que dans les draps,
Chacun entre les bras
De l'objet de ses vœux
Goûtait le fruit de ses beaux feux ;
Mais à leur malheur
Succéda la frayeur ;
Car l'aurore parut,
Et chacun se reconnut
Isabelle, à petit bruit,
Trotte et s'enfuit :
Catin, d'un air nonchalant,
En fait autant.
Les maris, en même temps,
S'en furent cocus et contents.
in Œuvres de M. Vadé, ou Recueil des opéra-comiques, parodies & pièces fugitives de cet auteur ; avec les airs, rondes & vaudevilles (Ed. Pierre Gosse, La Haye, 1785)