Ce Dieu qu'on adore...
Guillaume Apollinaire
Ce Dieu qu'on adore à Lampsaque (1)
Il faut le tirer de l'exil
Volez au secours de Priape
Femmes en pleurs qu'il a saillies
Chastes épouses canéphores (2)
Au con imprégné de phosphore
Mon vit mon gentil robinet
Verse-moi de ton eau divine
Mon doux concombre mon panais (3)
Ma verge mon jean-bart ma pine
Viens-t'en me labourer l'ourlet (4)
La rose-thé de ton prépuce
Auprès de moi s'épanouit
On dirait d'un vieux boïard (5) russe
Le chibre sanguin et bouffi
Lorsqu'au plus fort de la partouse
Ma bouche à ton noeud fait ventouse
Ton foutre épais c'est l'eau d'amandes
C'est la liqueur de mes vingt ans
Ejacule force tes glandes
Au point que ta queue éructant
Quatorze Juillet mes délices
S'allume un beau feu d'artice
De ton foutre je sens la force
De ton vit l'intrépidité
Brunie par l'ombre de ton torse
J'incanterai les nuits d'été
Las mon désir est sans remède
J'ai même épuisé Ganymède (6)
(1) Priape, fils de Bacchus et de Vénus, est né à Lampsaque. Junon, jaloux de Bacchus, infligea à l'enfant un sexe monstrueux qui le fit être harcelé par toutes les femmes de la ville.
(2) porteuses de corbeilles attachées au service d'Athéna
(3) légume
(4) me sodomiser
(5) aristocrate
(6) amant de Zeus
© Guillaume Apollinaire
in Cortège Priapique (La Havane, Au cabinet du libre, 1925)
in Cortège Priapique (La Havane, Au cabinet du libre, 1925)