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Il faut à mes fureurs...

Philippe Desportes

(...)

Il faut à mes fureurs quelque amante insensée
Qui mourant chacun jour me livre cent trépas,
Qui m'ôte la raison, le somme et le repas,
Qui craigne de me perdre, et qui me fasse craindre,
Qui toujours se complaigne, ou qui m'écoute plaindre,
Qui se jette aux dangers et qui m'y jette aussi,
Qui transisse en l'absence, et que j'en sois ainsi,
Qui m'occupe du tout, que tout je la retienne,
Et qu'un même penser notre esprit entretienne :
Voilà les passetemps que je cherche en aimant,
J'aime mieux n'aimer point que d'aimer tièdement.

Extrait - cité in Anthologie de la poésie amoureuse de l'âge baroque (Gisèle Mathieu-Castellani, Ed. L. G. F., 1990) - p. 174-175