Ha ! mon cœur que je vis heureux
Maintenant que suis amoureux !
Ha ! belle nuit entre les belles,
Si souvent j'en avais de telles
Je ne voudrais pas être Dieu !
Tantôt nous nous fâchons ensemble,
Tantôt un baiser nous rassemble
Doucement ; puis ce boutefeu
Amour, entre deux bouches closes,
Invente mille douces choses
Pour nous en donner à choisir :
Sa flamme n'étant paresseuse
En la passion amoureuse
D'allumer un nouveau plaisir.
Tantôt nous luttons bras à bras
Dessus le lit, entre les draps :
Tantôt ma mie me veut combattre,
Avecque son tétin d'albâtre
Me pressant le ventre et le flanc :
Puis, faisant tantôt la farouche,
S'enfuit, me dresse une escarmouche
Et se couvre d'un linge blanc,
Ou du drap, ou de sa chemise,
Pour retarder mon entreprise,
Et me fait retirer honteux,
Ne voulant pas que je l'approche,
Ferme tout ainsi qu'une roche
Encontre les flots écumeux.
Comblé de plaisirs, je m'endors.
Elle, aussitôt, dessus les bords
De mes lèvres se vient étendre :
Moi, sentant de sa bouche tendre
Mille petits baisers mignards,
Le bout de sa lèvre mignotte,
Couleuvrant, qui flotte et reflotte
De çà, de là, de toutes parts,
Je me meurs, si mon âme, atteinte
De trop de plaisirs, n'est contrainte
Laisser ce corps ; puis, sur son sein
Penché, tout transi je soupire,
Faisant signe qu'elle retire
Sa bouche, ou je mourrais soudain.
Safrette que fait elle après,
Quand je dors elle approche près,
Lèche ma paupière sillée
Du bout de sa langue mouillée,
Et me fait entrouvrir les yeux :
Puis se jetant sur moi, folâtre,
Joint au mien son tétin d'albâtre
Bout à bout pour m'éveiller mieux,
Mais combien de façons gaillardes,
Combien de liaisons mignardes,
Combien d'embrassements nouveaux,
Combien sur ses lèvres mollettes
Fis-je de morsures douillettes,
Et combien de baisers jumeaux ?...
Maintenant que suis amoureux !
Ha ! belle nuit entre les belles,
Si souvent j'en avais de telles
Je ne voudrais pas être Dieu !
Tantôt nous nous fâchons ensemble,
Tantôt un baiser nous rassemble
Doucement ; puis ce boutefeu
Amour, entre deux bouches closes,
Invente mille douces choses
Pour nous en donner à choisir :
Sa flamme n'étant paresseuse
En la passion amoureuse
D'allumer un nouveau plaisir.
Tantôt nous luttons bras à bras
Dessus le lit, entre les draps :
Tantôt ma mie me veut combattre,
Avecque son tétin d'albâtre
Me pressant le ventre et le flanc :
Puis, faisant tantôt la farouche,
S'enfuit, me dresse une escarmouche
Et se couvre d'un linge blanc,
Ou du drap, ou de sa chemise,
Pour retarder mon entreprise,
Et me fait retirer honteux,
Ne voulant pas que je l'approche,
Ferme tout ainsi qu'une roche
Encontre les flots écumeux.
Comblé de plaisirs, je m'endors.
Elle, aussitôt, dessus les bords
De mes lèvres se vient étendre :
Moi, sentant de sa bouche tendre
Mille petits baisers mignards,
Le bout de sa lèvre mignotte,
Couleuvrant, qui flotte et reflotte
De çà, de là, de toutes parts,
Je me meurs, si mon âme, atteinte
De trop de plaisirs, n'est contrainte
Laisser ce corps ; puis, sur son sein
Penché, tout transi je soupire,
Faisant signe qu'elle retire
Sa bouche, ou je mourrais soudain.
Safrette que fait elle après,
Quand je dors elle approche près,
Lèche ma paupière sillée
Du bout de sa langue mouillée,
Et me fait entrouvrir les yeux :
Puis se jetant sur moi, folâtre,
Joint au mien son tétin d'albâtre
Bout à bout pour m'éveiller mieux,
Mais combien de façons gaillardes,
Combien de liaisons mignardes,
Combien d'embrassements nouveaux,
Combien sur ses lèvres mollettes
Fis-je de morsures douillettes,
Et combien de baisers jumeaux ?...
cité in L'Amour parle (C. Roy - Ed. Club Français du livre, 1963) - p. 128-129