Ces flots jumeaux de lait...
Pierre Ronsard
Ces flots jumeaux de lait bien épaissi
Vont et revont par leur blanche vallée,
Comme à son bord la marine salée,
Qui lente va, lente revient aussi.
Une distance entre eux se fait, ainsi
Qu’entre deux monts une sente égalée,
Blanche par tout de neige dévalée,
Quand en hiver le vent s’est adouci.
Là deux rubis haut élevés rougissent,
Dont les rayons cet ivoire finissent
De toutes parts uniment arrondis.
Là tout honneur, là toute grâce abonde,
Et la beauté, si quelqu’une est au monde,
Vole au séjour de ce beau paradis.
in Les Amours (1552) - livre I