Doulcin, quand quelquefois je vois ces pauvres filles,
Qui ont le diable au corps, ou le semblent avoir,
D'une horrible façon corps et tête mouvoir,
Et faire ce qu'on dit de ces vieilles Sibylles :
Quand je vois les plus forts se retrouver débiles,
Voulant forcer en vain leur forcené pouvoir :
Et quand même j'y vois perdre tout leur savoir
Ceux qui sont en votre art tenus des plus habiles :
Quand effroyablement s'écrier je les oy*,
Et quand le blanc des yeux renverser je leur vois,
Tout le poil me hérisse, et ne sais plus que dire.
Mais quand je vois un moine avec son Latin
Leur tâter haut et bas le ventre & le tétin,
Cette frayeur se passe, et suis contraint de rire.
* ouïr : entendre
Qui ont le diable au corps, ou le semblent avoir,
D'une horrible façon corps et tête mouvoir,
Et faire ce qu'on dit de ces vieilles Sibylles :
Quand je vois les plus forts se retrouver débiles,
Voulant forcer en vain leur forcené pouvoir :
Et quand même j'y vois perdre tout leur savoir
Ceux qui sont en votre art tenus des plus habiles :
Quand effroyablement s'écrier je les oy*,
Et quand le blanc des yeux renverser je leur vois,
Tout le poil me hérisse, et ne sais plus que dire.
Mais quand je vois un moine avec son Latin
Leur tâter haut et bas le ventre & le tétin,
Cette frayeur se passe, et suis contraint de rire.
* ouïr : entendre
in Les Regrets (1558)