Le fort sommeil...
Joachim Du Bellay
Le fort sommeil, que céleste on doit croire,
Plus doux que miel, coulait aux yeux lassés,
Lors que d’amour les plaisirs amassés
Entrent en moi par la porte d’ivoire.
J’avais lié ce col de marbre, voire
Ce sein d’albâtre, en mes bras enlassés,
Non moins qu’on voit les ormes embrasser
Du sep lascif, au second bord de Loire.
Amour avait en mes lasses moëlles
Dardé le trait de ses flammes cruelles,
Et l’ame errait par ces lèvres de roses,
Preste d’aller au fleuve oblivieux,
Quand le réveil, de mon aise envieux,
Du doux sommeil a les portes décloses.
Plus doux que miel, coulait aux yeux lassés,
Lors que d’amour les plaisirs amassés
Entrent en moi par la porte d’ivoire.
J’avais lié ce col de marbre, voire
Ce sein d’albâtre, en mes bras enlassés,
Non moins qu’on voit les ormes embrasser
Du sep lascif, au second bord de Loire.
Amour avait en mes lasses moëlles
Dardé le trait de ses flammes cruelles,
Et l’ame errait par ces lèvres de roses,
Preste d’aller au fleuve oblivieux,
Quand le réveil, de mon aise envieux,
Du doux sommeil a les portes décloses.
in L'Olive (1549)