D'une jeune fuyarde
Jean Antoine Baïf
Petite pouliche farouche,
Mais pourquoi, de tes yeux pervers
M'aguichant ainsi de travers,
Ne souffres-tu que je te touche ?
Comme une génisse qui mouche
Tu sautelles par les prés verts :
Tu te perds ensemble et me perds,
Ne voulant point que je t'approche.
Ne m'estimes-tu qu'une souche ?
Crois-tu que je ne sache rien ?
Si fait, si fait : je m'entends bien
A mettre le mors en la bouche.
Je sais comme c'est que l'on dresse
La cavale qu'il faut choyer
La domptant sans la rudoyer,
J'en sais la façon et l'adresse.
Je sais manier à passade,
A sauts, à courbettes, à bond,
A toutes mains, en long, en rond,
Et ne craindrais point les ruades.
Arrête, pouliche farouche !
Modère ta course et ton coeur ;
Apprends si je suis bon piqueur*,
Et prends le mors dedans ta bouche.
* séducteur
Mais pourquoi, de tes yeux pervers
M'aguichant ainsi de travers,
Ne souffres-tu que je te touche ?
Comme une génisse qui mouche
Tu sautelles par les prés verts :
Tu te perds ensemble et me perds,
Ne voulant point que je t'approche.
Ne m'estimes-tu qu'une souche ?
Crois-tu que je ne sache rien ?
Si fait, si fait : je m'entends bien
A mettre le mors en la bouche.
Je sais comme c'est que l'on dresse
La cavale qu'il faut choyer
La domptant sans la rudoyer,
J'en sais la façon et l'adresse.
Je sais manier à passade,
A sauts, à courbettes, à bond,
A toutes mains, en long, en rond,
Et ne craindrais point les ruades.
Arrête, pouliche farouche !
Modère ta course et ton coeur ;
Apprends si je suis bon piqueur*,
Et prends le mors dedans ta bouche.
* séducteur
Cité in Petite anthologie de la poésie érotique (Ed. Michalon, 2002)