O moi heureux! que j'ai d'aise
Quand ma mignonne je baise,
Faisant dedans son doux sein
A demi couler ma main,
Quand une toile argentine
Couvrant sa blanche poitrine,
Que je vois pousser souvent
Par le soupir d'un doux vent;
Ou quaud un mignard ouvrage,
Fait à jour, d'un gent feuillage.
Fermant, mon doux envieux,
Ce beau sein délicieux,
M'empêche que je ne touche.
De mes doigts ou de ma bouche,
Ainsi que je voudroi bien,
Ce beau marbre Parien (1) ;
Et quand aussi sa main douce
Faiblettement me repousse
Et serre, en ce doux tourment.
Mes doigts tendrelettement;
Mais qui quelquefois endure
Que je fasse une ouverture,
Glissant parmi son colet,
Jusqu'au tétin durelet.
O moi heureux que j'ai d'aise !
Quand le tâtant je te baise.
Et que d'un sucré baiser
Tu viens mon mal apaiser !
Encore je te demande
Ce mol baiser, ma friande,
Tel que ta blanche paleur
En prenne un peu de couleur.
[...]
Ainsi me plait la pucelle
Non pas longuement rebelle.
Non cruelle sans merci,
Non pas trop facile aussi;
Mais qui simplement doucette
Mais qui doucement simplette
Courre sa lasciveté
D'une chaste honnêteté.
Ainsi beaucoup plus je prise
De se fondre en mignardise.
S'entreperdant tour à tour
Dans les douceurs de l'amour,
Qu'embrasser toute nuitée
D'une amoureuse éhontée
A cœur saoul les membres nus ;
Car fut-ce une autre Vénus,
Fut-ce Hélène, ou fut la belle
Haïtienne pucelle,
En ce faisant tout soudain
On la tiendrait à dédain.
Voire l'amour la plus forte
Se traîtant de telle sorte,
Au lieu de s'en voir épris
Se tournerait à mépris.
Ça donc, ma Nymphette gaie,
Ça donc, belle, qu'on me paie ;
Ça ça, que d'un doux baiser
Mon mal on vienne apaiser,
Et plutôt que toute nue
Viens-t'en proprement vêtue.
Afin que l'accoutremeut,
Par un doux empèchement,
M'éguillonue le courage
A mignarder davantage,
Et folâtrement toucher
Ce qu'il voudrait plus cacher.
(1) relatif à l'île de Paros, en Grèce
Quand ma mignonne je baise,
Faisant dedans son doux sein
A demi couler ma main,
Quand une toile argentine
Couvrant sa blanche poitrine,
Que je vois pousser souvent
Par le soupir d'un doux vent;
Ou quaud un mignard ouvrage,
Fait à jour, d'un gent feuillage.
Fermant, mon doux envieux,
Ce beau sein délicieux,
M'empêche que je ne touche.
De mes doigts ou de ma bouche,
Ainsi que je voudroi bien,
Ce beau marbre Parien (1) ;
Et quand aussi sa main douce
Faiblettement me repousse
Et serre, en ce doux tourment.
Mes doigts tendrelettement;
Mais qui quelquefois endure
Que je fasse une ouverture,
Glissant parmi son colet,
Jusqu'au tétin durelet.
O moi heureux que j'ai d'aise !
Quand le tâtant je te baise.
Et que d'un sucré baiser
Tu viens mon mal apaiser !
Encore je te demande
Ce mol baiser, ma friande,
Tel que ta blanche paleur
En prenne un peu de couleur.
[...]
Ainsi me plait la pucelle
Non pas longuement rebelle.
Non cruelle sans merci,
Non pas trop facile aussi;
Mais qui simplement doucette
Mais qui doucement simplette
Courre sa lasciveté
D'une chaste honnêteté.
Ainsi beaucoup plus je prise
De se fondre en mignardise.
S'entreperdant tour à tour
Dans les douceurs de l'amour,
Qu'embrasser toute nuitée
D'une amoureuse éhontée
A cœur saoul les membres nus ;
Car fut-ce une autre Vénus,
Fut-ce Hélène, ou fut la belle
Haïtienne pucelle,
En ce faisant tout soudain
On la tiendrait à dédain.
Voire l'amour la plus forte
Se traîtant de telle sorte,
Au lieu de s'en voir épris
Se tournerait à mépris.
Ça donc, ma Nymphette gaie,
Ça donc, belle, qu'on me paie ;
Ça ça, que d'un doux baiser
Mon mal on vienne apaiser,
Et plutôt que toute nue
Viens-t'en proprement vêtue.
Afin que l'accoutremeut,
Par un doux empèchement,
M'éguillonue le courage
A mignarder davantage,
Et folâtrement toucher
Ce qu'il voudrait plus cacher.
(1) relatif à l'île de Paros, en Grèce
cité in Mignardises amoureuses de l'Admirée par J. Tahureau (Ed. Prosper Blanchemain - J. Gay, 1868) - p. 79 à 83