Hélas ! Monsieur, ôtez-vous...
Gilles Aurigny
Hélas ! Monsieur, ôtez-vous tôt !
- Enda, je vous chatouillerai !
- Madame ici viendra tantôt ;
- Par ma foi ! je vous piquerai.
Ecoutez là, quelqu'un j'entends...
Monsieur, vous perdez votre temps.
Otez la main de cet endroit,
Après vous n'y avez rien mis.
Je disais bien que l'on viendrait...
Ne me touchez sous mes habits :
Cessez donc de me gazouiller
Et pensez de vous en aller.
Autre m'estimez que je suis.
Ne me venez plus harceler ;
Non, Monsieur, ne me fermez l'huis,
Cela ne se pourrait scéler...
Le bel honneur que ce serait
Quand quelqu'un notre fait saurait.
Laissez-moi, Monsieur, je vous prie,
Une autre que moi vous faudrait...
Laissez-moi, merci je vous crie,
Car si quelqu'un y survenait
Déshonnorée je serais,
Et plutôt mourir je voudrais.
Laissez-moi donc ici seulette,
Et vous en allez vitement.
Ne détachez votre aiguillette :
Vous êtes ainsi proprement.
Monsieur, ne vous détachez point,
Vous êtes très bien en ce point.
Connaître faut devant qu'aimer :
De ce mot-là soyez content.
Vous ne vous faites qu'enflammer,
Monsieur, ne me tâtez point tant ;
Je vous prie de vous déporter,
Car d'un doux viendrait un amer.
Mais qu'est-ce que me barbouillez ?
Je n'entends point ce jeu ici...
Vous dites que vous vous jouez
Je ne connais en rien ceci.
Arrêtez-vous, quelqu'un j'entends,
Saint Jean ! Quel jeu ! Il est dedans !
- Enda, je vous chatouillerai !
- Madame ici viendra tantôt ;
- Par ma foi ! je vous piquerai.
Ecoutez là, quelqu'un j'entends...
Monsieur, vous perdez votre temps.
Otez la main de cet endroit,
Après vous n'y avez rien mis.
Je disais bien que l'on viendrait...
Ne me touchez sous mes habits :
Cessez donc de me gazouiller
Et pensez de vous en aller.
Autre m'estimez que je suis.
Ne me venez plus harceler ;
Non, Monsieur, ne me fermez l'huis,
Cela ne se pourrait scéler...
Le bel honneur que ce serait
Quand quelqu'un notre fait saurait.
Laissez-moi, Monsieur, je vous prie,
Une autre que moi vous faudrait...
Laissez-moi, merci je vous crie,
Car si quelqu'un y survenait
Déshonnorée je serais,
Et plutôt mourir je voudrais.
Laissez-moi donc ici seulette,
Et vous en allez vitement.
Ne détachez votre aiguillette :
Vous êtes ainsi proprement.
Monsieur, ne vous détachez point,
Vous êtes très bien en ce point.
Connaître faut devant qu'aimer :
De ce mot-là soyez content.
Vous ne vous faites qu'enflammer,
Monsieur, ne me tâtez point tant ;
Je vous prie de vous déporter,
Car d'un doux viendrait un amer.
Mais qu'est-ce que me barbouillez ?
Je n'entends point ce jeu ici...
Vous dites que vous vous jouez
Je ne connais en rien ceci.
Arrêtez-vous, quelqu'un j'entends,
Saint Jean ! Quel jeu ! Il est dedans !
in Le Tuteur d'Amour (Ed. Jean de Tournes, 1547)