Sitôt que le sommeil...
François Malherbe
Sitôt que le sommeil, au matin, m'a quitté,
Le premier souvenir est du con de Nérée,
De qui la motte ferme et la barbe dorée
Egale ma fortune à l'immortalité.
Mon vit, dont le plaisir est la félicité,
S'allonge incontinent à si douce curée,
Et d'une échine roide, au combat préparée,
Montre que sa colère est à l'extrémité.
La douleur que j'en ai montre sa patience,
Car de me le mener, c'est cas de conscience ;
Ne me le mener point, ce sont mille trépas.
Je le pense flatter afin qu'il me contienne,
Mais en l'entretenant je ne m'aperçois pas
Qu'il me crache en la main sa fureur et la mienne.
Le premier souvenir est du con de Nérée,
De qui la motte ferme et la barbe dorée
Egale ma fortune à l'immortalité.
Mon vit, dont le plaisir est la félicité,
S'allonge incontinent à si douce curée,
Et d'une échine roide, au combat préparée,
Montre que sa colère est à l'extrémité.
La douleur que j'en ai montre sa patience,
Car de me le mener, c'est cas de conscience ;
Ne me le mener point, ce sont mille trépas.
Je le pense flatter afin qu'il me contienne,
Mais en l'entretenant je ne m'aperçois pas
Qu'il me crache en la main sa fureur et la mienne.
in Les délices satyriques ou Suite du cabinet des vers Satyriques de ce Temps. Poésies badines des meilleurs poètes des seizième et dix-septième siècle (Éd. H. d'Arthez - 1916). L'ouvrage reproduit l'édition originale de 1620, dont on ne connaît plus que trois exemplaires.