C'est un étrange cas...
François Malherbe
C'est un étrange cas qu'en ce monde qui passe,
Comme on voit les torrents qui s'écoulent en bas,
Si l'homme a du plaisir, il ne lui dure pas,
Et tout incontinent la Nature s'en lasse.
Vous me confesserez que le foutre surpasse
Tout ce qu'on peut sentir d'agréables appas,
Même ce qui se boit aux célestes repas,
Comme fait un haut mont une campagne basse.
Toutefois, remarquez, foutons et refoutons ;
Puis, éstant délassés, aussitôt remontons,
Tant que la seule mort nous en ôte l'envie ;
Si nous avions rangé tous nos coups bout à bout,
Quand nous aurions foutu quinze lustres de vie,
Nous aurions pas foutu six semaines en tout.
Comme on voit les torrents qui s'écoulent en bas,
Si l'homme a du plaisir, il ne lui dure pas,
Et tout incontinent la Nature s'en lasse.
Vous me confesserez que le foutre surpasse
Tout ce qu'on peut sentir d'agréables appas,
Même ce qui se boit aux célestes repas,
Comme fait un haut mont une campagne basse.
Toutefois, remarquez, foutons et refoutons ;
Puis, éstant délassés, aussitôt remontons,
Tant que la seule mort nous en ôte l'envie ;
Si nous avions rangé tous nos coups bout à bout,
Quand nous aurions foutu quinze lustres de vie,
Nous aurions pas foutu six semaines en tout.
in Oeuvres de François De Malherbe (Ed. A. Adam - Pléiade, 1971 - p. 168)