Parapilla, ou le Vit déifié (Charles Bordes)
Perles Zygotes
*
Parapilla, ou le Vit déifié
Conte facétieux qui suggère les fortunes et plaisirs de divers personnages en possession d'un fruit magique en forme de phallus ailé : "Parapilla".
Extrait :
Mais il nous reste un trésor bien plus rare !
Que devint-il ? Tout vous sera conté.
Jamais trésor ne fut par un avare
Gardé si bien, si souvent visité.
Il est caché au fond d'une cassette,
A double clef, et fermant à secret
Même Marton, confidente discrète,
Ne le vit plus, quoi qu'à son grand regret.
La Dame, hélas ! toujours se séquestrait ;
Dirai-je seule, ou bien en tête à tête ?
Ne se lassant d'éprouver sa conquête,
Examinant cette propriété
D'aller, venir toujours à volonté ;
Rare talent et vertu souveraine,
Que n'eut jamais pour princesse ou pour reine
Aucun amant, tant soumis ai été.
Ainsi passa le cours d'une semaine
Comme un instant : la Dame, en tout ceci,
Ne regrettait au monde âme qui vive ;
Plus de visite active, ni passive.
Tout le quartier était fort en souci.
C'est une énigme ; est-elle folle, ou morte ?
Chacun raisonne et chacun dit son mot,
Force valets vont sans cesse à la porte.
Or, convenez que le monde est bien sot.
La belle veuve a pour soeur une abbesse
... notre belle à la fin se résout,
Vole au parloir : la scène fut touchante ;
La dame faible et la nonne exigeante.
De point en point on lui raconta tout.
Peut-on mentir, hélas ! à ce qu'on aime ?
Oserez-vous cacher votre bonheur
A qui le doit sentir comme vous-même ?
L'Abbesse avait un grand fond de pudeur :
Elle frémit des péchés de sa soeur,
Et d'autant plus que l'outil diabolique
Fut sûrement formé par art magique.
Oh ! non, dit l'autre, il est venu du ciel,
C'est un présent de l'ange Gabriel,
Prouvant ce point d'une façon très claire.
- S'il est ainsi, prêtez-le moi, ma chère ;
(...)
Que devint-il ? Tout vous sera conté.
Jamais trésor ne fut par un avare
Gardé si bien, si souvent visité.
Il est caché au fond d'une cassette,
A double clef, et fermant à secret
Même Marton, confidente discrète,
Ne le vit plus, quoi qu'à son grand regret.
La Dame, hélas ! toujours se séquestrait ;
Dirai-je seule, ou bien en tête à tête ?
Ne se lassant d'éprouver sa conquête,
Examinant cette propriété
D'aller, venir toujours à volonté ;
Rare talent et vertu souveraine,
Que n'eut jamais pour princesse ou pour reine
Aucun amant, tant soumis ai été.
Ainsi passa le cours d'une semaine
Comme un instant : la Dame, en tout ceci,
Ne regrettait au monde âme qui vive ;
Plus de visite active, ni passive.
Tout le quartier était fort en souci.
C'est une énigme ; est-elle folle, ou morte ?
Chacun raisonne et chacun dit son mot,
Force valets vont sans cesse à la porte.
Or, convenez que le monde est bien sot.
La belle veuve a pour soeur une abbesse
... notre belle à la fin se résout,
Vole au parloir : la scène fut touchante ;
La dame faible et la nonne exigeante.
De point en point on lui raconta tout.
Peut-on mentir, hélas ! à ce qu'on aime ?
Oserez-vous cacher votre bonheur
A qui le doit sentir comme vous-même ?
L'Abbesse avait un grand fond de pudeur :
Elle frémit des péchés de sa soeur,
Et d'autant plus que l'outil diabolique
Fut sûrement formé par art magique.
Oh ! non, dit l'autre, il est venu du ciel,
C'est un présent de l'ange Gabriel,
Prouvant ce point d'une façon très claire.
- S'il est ainsi, prêtez-le moi, ma chère ;
(...)
© Perles Zygotes
Extrait du Chant Second de Parapilla ou le Vit déifié, poème en cinq chants, mis au jour par le Chapitre général de quelques Moines paillards, à l'instance de plusieurs religieuses échauffées. Suivi de plusieurs pièces fugitives.
- A Coni, aux dépens du Frère Paillardele, 1771.
- Réed. Au Cercle dulivre précieux (1958) - p. 18,19
Extrait du Chant Second de Parapilla ou le Vit déifié, poème en cinq chants, mis au jour par le Chapitre général de quelques Moines paillards, à l'instance de plusieurs religieuses échauffées. Suivi de plusieurs pièces fugitives.
- A Coni, aux dépens du Frère Paillardele, 1771.
- Réed. Au Cercle dulivre précieux (1958) - p. 18,19