Le cul de ma blonde
Paul Émile Debraux
J'ai tâté du vin d'Argenteuil,
Et ce vin m'a foutu la foire ;
J'ai voulu tâter de la gloire :
Une balle m'a bouché l'oeil ;
Des catins du grand monde
J'ai tâté la vertu ;
Des grandeurs revenu,
Je viens tâter le cul
De ma blonde...
Parmi les catins du bon ton,
Plus d'une, de haute lignée,
À force d'être patinée
Est flasque comme du coton,
Et cette race immonde,
J'en suis bien convaincu,
Paîrait plus d'un écu
Le fermeté du cul
De ma blonde...
Preux guerrier, fameux conquérant,
Fils de l'Honneur qui vous éclope,
Votre Gloire est une salope
Qui vous pince en vous caressant.
Empoignez à la ronde
Et la lance et l'écu :
De peur d'étre cocu,
Moi j'empoigne le cul
De ma blonde...
On critique certains journaux.
Parbleu ! chacun a son mérite,
Et le défenseur du jésuite,
Lui, comme tous les libéraux.
J'aime à lire qui fronde
Un système fourbu ;
Mais qui l'a défendu
Sert à torcher le cul
De ma blonde...
À la barbe de maint curé
Quelquefois on fait la grimace,
Parce qu'il porte dans sa châsse
Un bon Dieu de cuivre doré.
Ce système qu'on fronde
Serait, je crois, mieux vu,
Si, plantant là Jésus,
On promenait le cul
De ma blonde...
Garçon, me dit un vieux roupis,
Il faut enfin qu'on te le dise :
Baiser sans permis de l'Eglise,
C'est risquer le saint paradis...
- Vous foutez-vous du monde ?
Dis-je à ce vieux cocu,
Ce paradis cossu
Vaut-il un poil du cul
De ma blonde ?...
Puisque l'homme est ici jeté
Pour crever comme une victime,
Je me fous d'un trépas sublime,
J'emmerde l'Immortalité !
Puissé-je, en passant l'onde
Du fleuve au roi cornu,
Godiller ferme et dru,
Et cramper dans le cul
De ma blonde...
Et ce vin m'a foutu la foire ;
J'ai voulu tâter de la gloire :
Une balle m'a bouché l'oeil ;
Des catins du grand monde
J'ai tâté la vertu ;
Des grandeurs revenu,
Je viens tâter le cul
De ma blonde...
Parmi les catins du bon ton,
Plus d'une, de haute lignée,
À force d'être patinée
Est flasque comme du coton,
Et cette race immonde,
J'en suis bien convaincu,
Paîrait plus d'un écu
Le fermeté du cul
De ma blonde...
Preux guerrier, fameux conquérant,
Fils de l'Honneur qui vous éclope,
Votre Gloire est une salope
Qui vous pince en vous caressant.
Empoignez à la ronde
Et la lance et l'écu :
De peur d'étre cocu,
Moi j'empoigne le cul
De ma blonde...
On critique certains journaux.
Parbleu ! chacun a son mérite,
Et le défenseur du jésuite,
Lui, comme tous les libéraux.
J'aime à lire qui fronde
Un système fourbu ;
Mais qui l'a défendu
Sert à torcher le cul
De ma blonde...
À la barbe de maint curé
Quelquefois on fait la grimace,
Parce qu'il porte dans sa châsse
Un bon Dieu de cuivre doré.
Ce système qu'on fronde
Serait, je crois, mieux vu,
Si, plantant là Jésus,
On promenait le cul
De ma blonde...
Garçon, me dit un vieux roupis,
Il faut enfin qu'on te le dise :
Baiser sans permis de l'Eglise,
C'est risquer le saint paradis...
- Vous foutez-vous du monde ?
Dis-je à ce vieux cocu,
Ce paradis cossu
Vaut-il un poil du cul
De ma blonde ?...
Puisque l'homme est ici jeté
Pour crever comme une victime,
Je me fous d'un trépas sublime,
J'emmerde l'Immortalité !
Puissé-je, en passant l'onde
Du fleuve au roi cornu,
Godiller ferme et dru,
Et cramper dans le cul
De ma blonde...
texte original cité in Le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle (1864) - T.1, p.44-46