Le petit chat
Paul Émile Debraux
Enfin dans ta chambre chérie
Ayant pénétré malgré toi,
Ta gentille ménagerie
Hier a paru devant moi.
Ton musée, aimable Rosine,
Sans doute n'est pas sans éclat ;
Mais le plus joli, ma cousine,
C'est, à coup sûr, ton petit chat.
Tu te plains de ce que naguère
Négligeant tes jeunes appas,
Avant mon dépat pour la guerre,
De toi je ne m'occupais pas.
Sur leminet d'une voisine,
Si j'ai commis doux attentat,
C'est qu'en ce temps-là, ma cousine,
Tu n'avais pas de petit chat.
Pour nous charmer à l'improviste,
En vain tu cachais ces trésors.
Moi, curieux naturaliste,
Pour les voir j'ai doublé d'efforts.
Mais voir est trop peu, j'imagine,
Voir n'amène aucun résultat :
Ah ! permets-moi, chère cousine,
De caresser ton petit chat.
Tu souffres que sur sa parure
Je promène un doigt empressé,
Mais tu veux que de sa fourrure
Le duvet ne soit pas froissé.
Vas, ne crains rien pour son hermine,
Mon doigt est fort, mais délicat,
Vois, il fait faire, ma cousine,
Le gros dos à ton petit chat.
Toujours désireux de te plaire,
Ah ! sans lui vouloir aucun mal,
Que j'aimerais à satisfaire,
Ce petit gourmand d'animal.
Si d'un coup de griffe assassine
Je n'avais peur qu'il me payât.
Sois franche et bonne, ma cousine,
Dis-moi, mord-il ton petit chat ?
Dès qu'entre ses lèvres de rose
Minet sent mon doigt friponner,
Vois le petit gueux comme il ose
Le serrer et l'emprisonner.
Je veux de son ardeur mutine
Punir le petit scélérat,
Dis-moi, sans peine, ma cousine,
Fait-on pleurer ton petit chat ?
Quelle délicatesse extrème !
A peine si je l'ai foulé,
Et pour deux coups, fort légers même,
Déjà ses larmes ont coulé.
Mais pour cela, chère Rosine,
Ne vas pas me faire sabbat,
Car tu jouissais, ma cousine,
Lorsque pleurait ton petit chat.
Ayant pénétré malgré toi,
Ta gentille ménagerie
Hier a paru devant moi.
Ton musée, aimable Rosine,
Sans doute n'est pas sans éclat ;
Mais le plus joli, ma cousine,
C'est, à coup sûr, ton petit chat.
Tu te plains de ce que naguère
Négligeant tes jeunes appas,
Avant mon dépat pour la guerre,
De toi je ne m'occupais pas.
Sur leminet d'une voisine,
Si j'ai commis doux attentat,
C'est qu'en ce temps-là, ma cousine,
Tu n'avais pas de petit chat.
Pour nous charmer à l'improviste,
En vain tu cachais ces trésors.
Moi, curieux naturaliste,
Pour les voir j'ai doublé d'efforts.
Mais voir est trop peu, j'imagine,
Voir n'amène aucun résultat :
Ah ! permets-moi, chère cousine,
De caresser ton petit chat.
Tu souffres que sur sa parure
Je promène un doigt empressé,
Mais tu veux que de sa fourrure
Le duvet ne soit pas froissé.
Vas, ne crains rien pour son hermine,
Mon doigt est fort, mais délicat,
Vois, il fait faire, ma cousine,
Le gros dos à ton petit chat.
Toujours désireux de te plaire,
Ah ! sans lui vouloir aucun mal,
Que j'aimerais à satisfaire,
Ce petit gourmand d'animal.
Si d'un coup de griffe assassine
Je n'avais peur qu'il me payât.
Sois franche et bonne, ma cousine,
Dis-moi, mord-il ton petit chat ?
Dès qu'entre ses lèvres de rose
Minet sent mon doigt friponner,
Vois le petit gueux comme il ose
Le serrer et l'emprisonner.
Je veux de son ardeur mutine
Punir le petit scélérat,
Dis-moi, sans peine, ma cousine,
Fait-on pleurer ton petit chat ?
Quelle délicatesse extrème !
A peine si je l'ai foulé,
Et pour deux coups, fort légers même,
Déjà ses larmes ont coulé.
Mais pour cela, chère Rosine,
Ne vas pas me faire sabbat,
Car tu jouissais, ma cousine,
Lorsque pleurait ton petit chat.
in Chansons nouvelles (1829) - T.3, p.145-47