Agenouillement
André Pieyre Mandiargues
à la mémoire de Paul Verlaine, en "Extrème-Onction" inverse
Je ferme les yeux j'évoque
Le désarroi silencieux
La dénudation le musc
D'une qui venait offrir
Sa grande impudeur musclée
Au donneur de sérénades
Mais qui fut agenouillée
Sa bouche au noeud dur nouée
Ses lèvres incomparables
Closes d'abord sans faiblesse
Puis ouvertes peu à peu
Comme deux battants de portes
Que l'on cesse de défendre
Contre un ennemi trop fort
Le jeu de sa langue ensuite
Experte à flatter la hampe
Après capitulation
Puis à l'envelopper toute
D'une chaude soumission
Sanctionnée de quelque gifle
Avant de l'attirer dans
Le piège des mâchoires
Jusqu'au fond de son gosier
Qui frémira sous les coups
D'un gros bélier brutal
Dont jaillira tout à l'heure
Le flot de liqueur violente
Que sa patience attend
Pour d'un spasme l'avaler
Jusqu'à la dernière goutte
Comme elle eut l'ordre de le faire.
Je ferme les yeux j'évoque
Le désarroi silencieux
La dénudation le musc
D'une qui venait offrir
Sa grande impudeur musclée
Au donneur de sérénades
Mais qui fut agenouillée
Sa bouche au noeud dur nouée
Ses lèvres incomparables
Closes d'abord sans faiblesse
Puis ouvertes peu à peu
Comme deux battants de portes
Que l'on cesse de défendre
Contre un ennemi trop fort
Le jeu de sa langue ensuite
Experte à flatter la hampe
Après capitulation
Puis à l'envelopper toute
D'une chaude soumission
Sanctionnée de quelque gifle
Avant de l'attirer dans
Le piège des mâchoires
Jusqu'au fond de son gosier
Qui frémira sous les coups
D'un gros bélier brutal
Dont jaillira tout à l'heure
Le flot de liqueur violente
Que sa patience attend
Pour d'un spasme l'avaler
Jusqu'à la dernière goutte
Comme elle eut l'ordre de le faire.
© André Pieyre Mandiargues
in L'Ivre Oeil (1979)
in L'Ivre Oeil (1979)