La petite ouvrière
Pierre Jean Béranger
Ma mère avait raison, je l'vois,
Not' bonheur est au bout des doigts.
Défunt' Maman m'disait sans cesse :
Au bout d'tes doigts est la richesse.
Fill' qui travaille avec honneur
S'fait soi-même son p'tit bonheur.
Refrain :
Quel plaisir je r'sens à l'ouvrage !
Ah ! Je suis toute en nage.
Ma mère avait raison, je l'vois,
Not' bonheur est au bout des doigts.
L'cœur à l'ouvrage au mois de décembre,
Sans feu j'm'enferme dans ma chambre.
Quand il gèle à claquer les dents,
J'réchauffe mes doigt sans souffler d'dans.
[ Refrain ]
D'beaux messieurs proposent de m'faire
Des enfants qui mourraient de misère ;
Chers enfants, par l'travail que v'là,
Je vous épargne ce chagrin là !
[ Refrain ]
Pour m'amuser, d'abord j'm'occupe
D' not' boulanger s'avec sa jupe ;
En jupe j'me représent' toujours
C'garçon d'esprit v'lu comme un ours.
[ Refrain ]
Je m'rappelle l'grand Léandre,
Qui devant ma f'nêtre, d'un air tendre,
S'déboutonna comme un impur,
Sans s'tourner du côté du mur.
[ Refrain ]
L'ouvrière qui craint la satire
Doit s'chatouiller pour se fair' rire ;
En travaillant ça rend l'coeur gai,
Et l'poignet seul est fatigué.
[ Refrain ]
Not' bonheur est au bout des doigts.
Défunt' Maman m'disait sans cesse :
Au bout d'tes doigts est la richesse.
Fill' qui travaille avec honneur
S'fait soi-même son p'tit bonheur.
Refrain :
Quel plaisir je r'sens à l'ouvrage !
Ah ! Je suis toute en nage.
Ma mère avait raison, je l'vois,
Not' bonheur est au bout des doigts.
L'cœur à l'ouvrage au mois de décembre,
Sans feu j'm'enferme dans ma chambre.
Quand il gèle à claquer les dents,
J'réchauffe mes doigt sans souffler d'dans.
[ Refrain ]
D'beaux messieurs proposent de m'faire
Des enfants qui mourraient de misère ;
Chers enfants, par l'travail que v'là,
Je vous épargne ce chagrin là !
[ Refrain ]
Pour m'amuser, d'abord j'm'occupe
D' not' boulanger s'avec sa jupe ;
En jupe j'me représent' toujours
C'garçon d'esprit v'lu comme un ours.
[ Refrain ]
Je m'rappelle l'grand Léandre,
Qui devant ma f'nêtre, d'un air tendre,
S'déboutonna comme un impur,
Sans s'tourner du côté du mur.
[ Refrain ]
L'ouvrière qui craint la satire
Doit s'chatouiller pour se fair' rire ;
En travaillant ça rend l'coeur gai,
Et l'poignet seul est fatigué.
[ Refrain ]
in Chansons Galantes (1834 - Rééd. Paul Cotinaud de 1937)