1. Melle Flora, Dix-sept ans...
Louis Protat
Dix-sept ans, des yeux noirs et fendus en amande,
Avec des cheveux blonds,
une bouche un peu grande,
Sans doute exprès et pour laisser voir en riant
Un brillant chapelet de perles d'Orient ;
Un sein rose, arrondi, ferme à ne pas le croire,
Un cul dur comme un marbre et plus blanc que l'ivoire,
Un con si mignonnet qu'il semblait que jamais
Même au vit d'un enfant il pût donner accès !
Tel est en raccourci l'image ravissante
De Flora la putain, qu'on croirait innocente
Et vierge, tant ses yeux rayonnent de candeur,
Tant tout en elle exhale un parfum de pudeur,
Et qui vient cependant, loin d'être encor novice,
Ayant fait dès longtemps ses débuts dans le vice,
Sans avoir peur, sans être émue un seul instant,
Et comme devinant un succès éclatant,
Passer cet examen aux fatales épreuves
Pour lequel la Lebrun demande tant de preuves !
Dont il faut nettement, sans hésitations,
Résoudre ex abrupto toutes les questions
Pour acquérir le droit de voir couler sa vie
Dans ce charmant bordel que toute fille envie,
D'y vendre au poids de l'or toutes les voluptés,
Et des charmes, souvent, qu'on n'a pas achetés.
A midi, dans la salle en ce but préparée,
De toutes ses putains la Lebrun entourée,
Assise gravement sur un moelleux sofa,
Tenant sur ses genoux un énorme angora,
Donne l'ordre de faire entrer la néophyte.
La jeune fille fut aussitôt introduite.
Un simple peignoir blanc, à peine retenu,
Laissait entièrement ses épaules à nu,
Et sa gorge charmante, au lieu d'être enfermée
En un affreux corset qui l'aurait déformée,
Montrant à découvert ses deux globes polis,
Se tenait d'elle-même et sans faire aucuns plis.
Elle était ravissante !... Aussi, dans cette salle
Où pas une en beauté ne se croit de rivale,
Chacune, malgré soi, sentant ce qu'elle vaut,
Au lieu de l'admirer lui découvre un défaut :
L'une de ses cheveux critique la nuance
Et prétend hautement qu'ils frisent la garance ;
L'autre dit que sa gorge a l'air d'un mou de veau,
Et toutes sont d'accord que ce n'est qu'un chameau !
Flora, sans s'inquiéter de leurs criailleries,
D'un geste réfuta leurs sottes railleries,
Et jusqu'au nombril retroussant son peignoir,
Leur montra qu'étant blonde elle avait le poil noir !
Nulle autre ne fit voir une beauté pareille !...
Prises au trébuchet, toutes, baissant l'oreille,
Ne purent rien trouver contre un tel argument
Et gardèrent alors un silence prudent.
La Lebrun, qu'amusait beaucoup cette aventure,
Pour sa nouvelle fille en tira bon augure :
- Petite, lui dit-elle, allons, viens te placer
Sur ce tabouret-là : je m'en vais commencer.
Pour être admise ici, sais-tu bien, ma chérie,
Qu'il faut être très-forte en polissonnerie ?...
Que pour vendre l'amour, il ne nous suffit pas
D'avoir de jolis yeux, d'avoir de frais appas,
Une gorge bien ferme et des fesses bien blanches,
Une croupe soignée, un beau cul et des hanches ?...
Qu'il faut de tous ces dons savoir bien se servir,
Savoir les employer à donner du plaisir
A ceux qui dans nos bras cherchent la jouissance,
Ensemble ou l'un d'eux seul, selon la circonstance,
Surtout selon l'argent donné par le miché ?...
Qu'il faut promettre avant d'enlever son corset
Et jamais ne l'ôter, à moins pourtant que l'homme
Ne se laisse tenter et ne triple la somme ?...
Mais au lieu d'examen je fais une leçon ;
Avec des cheveux blonds,
une bouche un peu grande,
Sans doute exprès et pour laisser voir en riant
Un brillant chapelet de perles d'Orient ;
Un sein rose, arrondi, ferme à ne pas le croire,
Un cul dur comme un marbre et plus blanc que l'ivoire,
Un con si mignonnet qu'il semblait que jamais
Même au vit d'un enfant il pût donner accès !
Tel est en raccourci l'image ravissante
De Flora la putain, qu'on croirait innocente
Et vierge, tant ses yeux rayonnent de candeur,
Tant tout en elle exhale un parfum de pudeur,
Et qui vient cependant, loin d'être encor novice,
Ayant fait dès longtemps ses débuts dans le vice,
Sans avoir peur, sans être émue un seul instant,
Et comme devinant un succès éclatant,
Passer cet examen aux fatales épreuves
Pour lequel la Lebrun demande tant de preuves !
Dont il faut nettement, sans hésitations,
Résoudre ex abrupto toutes les questions
Pour acquérir le droit de voir couler sa vie
Dans ce charmant bordel que toute fille envie,
D'y vendre au poids de l'or toutes les voluptés,
Et des charmes, souvent, qu'on n'a pas achetés.
A midi, dans la salle en ce but préparée,
De toutes ses putains la Lebrun entourée,
Assise gravement sur un moelleux sofa,
Tenant sur ses genoux un énorme angora,
Donne l'ordre de faire entrer la néophyte.
La jeune fille fut aussitôt introduite.
Un simple peignoir blanc, à peine retenu,
Laissait entièrement ses épaules à nu,
Et sa gorge charmante, au lieu d'être enfermée
En un affreux corset qui l'aurait déformée,
Montrant à découvert ses deux globes polis,
Se tenait d'elle-même et sans faire aucuns plis.
Elle était ravissante !... Aussi, dans cette salle
Où pas une en beauté ne se croit de rivale,
Chacune, malgré soi, sentant ce qu'elle vaut,
Au lieu de l'admirer lui découvre un défaut :
L'une de ses cheveux critique la nuance
Et prétend hautement qu'ils frisent la garance ;
L'autre dit que sa gorge a l'air d'un mou de veau,
Et toutes sont d'accord que ce n'est qu'un chameau !
Flora, sans s'inquiéter de leurs criailleries,
D'un geste réfuta leurs sottes railleries,
Et jusqu'au nombril retroussant son peignoir,
Leur montra qu'étant blonde elle avait le poil noir !
Nulle autre ne fit voir une beauté pareille !...
Prises au trébuchet, toutes, baissant l'oreille,
Ne purent rien trouver contre un tel argument
Et gardèrent alors un silence prudent.
La Lebrun, qu'amusait beaucoup cette aventure,
Pour sa nouvelle fille en tira bon augure :
- Petite, lui dit-elle, allons, viens te placer
Sur ce tabouret-là : je m'en vais commencer.
Pour être admise ici, sais-tu bien, ma chérie,
Qu'il faut être très-forte en polissonnerie ?...
Que pour vendre l'amour, il ne nous suffit pas
D'avoir de jolis yeux, d'avoir de frais appas,
Une gorge bien ferme et des fesses bien blanches,
Une croupe soignée, un beau cul et des hanches ?...
Qu'il faut de tous ces dons savoir bien se servir,
Savoir les employer à donner du plaisir
A ceux qui dans nos bras cherchent la jouissance,
Ensemble ou l'un d'eux seul, selon la circonstance,
Surtout selon l'argent donné par le miché ?...
Qu'il faut promettre avant d'enlever son corset
Et jamais ne l'ôter, à moins pourtant que l'homme
Ne se laisse tenter et ne triple la somme ?...
Mais au lieu d'examen je fais une leçon ;
in Examen subi par Mlle Flora, à l'effet d'obtenir son diplôme de putain... (1846)