Gustave Courbet - Le Sommeil (1866)
Paris, musée du Petit-Palais
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Les filles de Lesbos dorment entrelacées,
Comme deux jeunes fleurs sur un même rameau ;
Elles dorment ! Leur sein éblouissant et beau,
Se gonfle au souvenir de leurs folles pensées.
D'un mutuel amour leurs lèvres caressées
Semblent prêtes encor pour un baiser nouveau ;
Et demain dans ce lit, voluptueux tombeau,
Le plaisir rouvrira leurs corolles lassées.
Leur corps n'est entouré d'aucun voile jaloux ;
J'écoute soupirer leur souffle, et je me penche
Pour mieux voir les contours de leur nudité blanche.
Mais je ne suis qu'un homme, et je pleure à genoux :
Sur elles, pour tromper ma flamme inapaisée,
Mon désir verse à flots sa brûlante rosée.
in Amours et Priapées (1869)