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Les tétons de ma cousine

Claude-Henri Voisenon
Il te souvient de ce Pygmalion,
De la statue élégante qu’il aime,
Et que Vénus, pour sa dévotion,
Avait changée en une autre elle-même.
 
En toi le cas pareil est arrivé ;
Tu fus statue ; car, par expérience
J’en suis certain, et ce qu’ici j’avance
Est dans ces vers un peu plus bas prouvé.
 
Étant encor bloc de marbre insensible
Tout était dur ; tu n’avais nul ressort ;
Vénus voulut t’amollir tout le corps
Pour te le rendre aux plaisirs plus flexible.
 
Pour recevoir et donner un baiser
Bien tendrement à l’amant qui te presse,
Elle amollit ta bouche enchanteresse,
Elle amollit tes bras pour l’embrasser.
 
Jambes d’abord et ce qui les surmonte
Gardent encor un peu de dureté,
Moins que le marbre, et si plus haut on monte,
On trouvera de l’élasticité.
 
Mais ce qui peut mieux prouver mon système,
Elle oublia de changer tes tétons ;
Ils sont taillés aussi juste, aussi ronds
Et blancs et durs comme le marbre même.
cité in Éloge du sein des femmes, Mercier de Compiègne (Éd. A. Barraud, 1873 - Chapitre II)