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Le plaisir,
Et non la constance,
Le désir
Sans persévérance,
Voilà ma seule volupté,
Je lui dois toute ma gaîté.

Mon état peut offrir l'image
Des ruses qu'inspire l'amour ;
Et voici, sur le rivage,
Ce que je fais tour à tour:

Dans l'onde agitée ou tranquille,
Je jette en riant mes filets,
Et dans ma nacelle mobile,
Avec art j'ai l'oeil aux aguets.
D'abord le poisson fuit l'amorce,
Je le vois sans m'en irriter;
Il court, revient, s'agite et perd sa force ;
L'appât est sûr, il ne peut l'éviter.
En amour, je prévois de même:
Beauté que trouble le désir,
Quand la nature veut qu'elle aime,
Lutte en vain contre le plaisir.
Le plaisir,
Oui, le plaisir,
Et non la constance,
Le désir
Sans persévérance,
Voilà ma seule volupté ;
Je lui dois toute ma gaîté.
cité in Almanach des Muses (1812)