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A Méline

O doux plaisir plein de doux pensement,
Quand la douceur de la douce mêlée,
Etreint et joint, l'âme en l'âme mêlée,
Le corps au corps accouplé doucement.

O douce mort ! ô doux trépassement !
Mon âme alors de grand'joie troublée,
De moi dans toi s'écoulant à l'emblée (1),
Puis haut, puis bas, acquiert son ravissement.

Quand nous ardents, Méline, d'amour forte,
Moi d'être en toi, toi d'en toi tout me prendre,
Par cette part, qui dans toi entre plus,

Tu la reçois, moi restant masse morte :
Puis vient ta bouche en ma bouche la rendre,
Me ranimant tous mes membres perclus (2).

(1)  par surprise, en cachette
(2)  privé de mouvement
1552 - Cité in Pierre de Ronsard et la pléïade par Louis Perceau (Ed. Au cabinet du livre, 1928)