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Argots homosexuels

Jobelin, Sottie & Brief langaige : les argots homosexuels
 
La plupart des textes qui renvoient à cette page sont des textes établis par Thierry Martin, spécialiste de la traduction contemporaine de l'utilisation codifiée des argots homosexuels en vieux français. Je n'ai le plus souvent donné que la traduction et non le texte original dont on ne peut que difficilement saisir le double sens sans son interprétation.
 
En effet, ces argots homosexuels n'offrent aucune différence apparente avec le français ordinaire : ils consistent à n'employer dans un double sens que des termes ayant un sens propre anodin.

Le jobelin est un argot né en picardie à la fin du 13è siècle. C'est le jargon des Sots (et des Fols) qui écrivaient et jouaient, au théâtre normand, ce qu'on appelait des Sotties. Il est parfois aussi appellé "argot des coquillards", en référence à la Coquille, bande de malfrats qui pratiquaient la prostitution masculine, et également à Guillaume Coquillart.

Ce langage fut transposé en poésie dans une liberté encore plus descriptive, mais aussi plus travaillée, car s'adressant avant tout aux lettrés. On y retrouve notamment : Henri Baude, Jehan Molinet, Mellin St Gelais, Rabelais...

Deux règles entourent le plus souvent les jeux homsexuels ainsi décrits : il est défendu de sodomiser un homme en érection - et, tout en se protégeant lui-même, le joueur doit tenter de faire jouir buccalement son adversaire afin de le sodomiser ensuite. Ces deux règles se retrouvent particulièrement chez François Villon, où ses Ballades sont parcourues par la hantise de sodomiser mais ne pas l'être... Cependant l'argot de Villon n'est pas tout à fait celui du jobelin, il est aussi apparenté au "brief langaige" (bref langage) dont usaient à l'époque les prostitués pour tromper la police.

Pour approfondir l'étude de l'argot homosexuel et de ses auteurs, se reporter aux éditions bilingues de Thierry Martin :

Aux Ed. Question De Genre / GKC :
- Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais (2007),
- La Farce de Pathelin et autres pièces homosexuelles (2011) de Triboulet (bouffon de René d’Anjou  - 15è s.)

Chez Mille et une nuits :
- les Ballades en argot homosexuel de Villon.

À noter que Thierry Martin a aussi publié chez Question De Genre/ GKC Trois Études sur la sexualité médiévale et une traduction des Épigrammes pédérastiques de Martial.

On signalera également l'ouvrage d'Ida Nelson : La Sottie sans souci, essai d'interprétation homosexuelle (Ed. Champion, 1977)