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Quand en songeant ma follâtre...

Pierre Ronsard

Quand en songeant ma follâtre j'acolle,
Laissant mes flancs sur les siens s'alonger,
Et que d'un branle habilement léger,
En sa moitié ma moitié je recolle :

Amour, adonc, si follement m'affolle,
Qu'un tel abus je ne voudrai changer,
Non au butin d'un rivage étranger,
Non au sablon qui jaunoie en Pactole (1).

Mon dieu, quel heur (2), et quel contentement,
M'a fait sentir ce faux recollement,
Changeant ma vie en cent metamorphoses ?

Combien de fois doucement irrité,
Suis-je ore mort, ore resuscité.
Entre cent lis et cent vermeilles roses !

(1) Fleuve de Lybie qui charrie de l'or
(2) Bonheur

 

cité in Pierre De Ronsard - La bouquinade et autres Gaillardises (Fleuret & Perceau - Ed. Bibliothèque des curieux, 1921) - p.30