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L'odeur d'un acacia fleuri
Sous une couronne d'épines
Remet soudain en sa mémoire
Des branches qui embaumaient
L'air d'une chambre sans pitié
Où il ne venait vaincu
Que pour être jeté nu
Dans la nudité du joung
Qui allait lui être imposé
Par la femme victorieuse
Heureuse de le souffleter
Après qu'il eut baisé le fouet
Qui devait cingler ses reins
Et qu'on eut lié ses poignets
Puis qu'on l'ait couché sur le dos
Pour enfourcher son visage
Entre deux cuisses fort musclées
Sous la croupe de l'amazone
Qui l'obligeait à lécher
Son anus et la vulve humide
En le chevauchant jusqu'à
Le forcer à crier grâce
Ce qui tant la faisait jouir
Qu'elle prenait le grand galop
Sur les lèvres du patient
Pour l'entendre gémir encore
Et pour le sentir se débattre
Tremblant priant en suppliant
Dans l'étau qu'elle resserait
Jusqu'à redoubler le plaisir
Et jusqu'à l'ultime effusion
De son urine sur la face
Du mâle sous elle asservi
Livré sans défense aucune
À la vexation plus blessante
L'homme dont elle avait usé
L'homme consommé compissé
Objet sujet jouet déchet.
© André Pieyre Mandiargues
1er juin 1979
in Gris de perle (Ed. posthume, 1993)