Partager |

Ne veux-tu pas bien, mignonne...

Claude Pontoux


Ne veux-tu pas bien, mignonne,
Mignonne ne veux-tu pas ;
Puisque Amour ainsi l'ordonne,
Que nous prenions nos ébats ?
Ma pucelette
Folette,
Veux-tu pas
Que je t'accole à pleins bras ?
Mille fois
Tu me dois
Baiser.
Apaiser
Tu peux
Si tu veux
Par ce moyen l'ardeur
Qui tourmente mon coeur.

Tu ne me dois éconduire.
Tu ne me dois point dédire,
Mais tu me dois écouter :
D'amour extrème
Je t'aime ;
Prends pitié
De recevoir ta moitié,
C'est le don
Et guerdon (1)
Dont l'archer
Nous fait
Par effet
Un présent gracieux
Et ne peut donner mieux.

Le ciel nous est favorable,
Nous sommes au beau printemps,
Amour nous est secourable,
Nous voyons fleurir nos ans ;
Toute allégresse
Nous presse
A présent
D'aller au verger plaisant
C'est le lieu
Où le dieu
D'amour
Fait séjour
Qui peut
Quand il veut
Donner aux amoureux
Contentement heureux.

Viens tôt donc, ma mignonne,
Viens tôt et ne tarde plus
M'accoler toute gaillarde,
Ne me fais point de refus.
Car là jeunesse
Nous laisse
Sans déduit (2)
Et la molesse nous suit ;
Ote-nous,
Mon coeur doux,
D'émoi,
Viens à moi
M'amour,
Ce beau jour,
Te doit donner désir
De prendre ton plaisir.

 

(1)  récompense
(2)  plaisir

 

Cité in La poésie érotique - Anthologie de Marcel Béalu (Ed. Seghers, 1974 - p.68)