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Entre tes cuisses tièdes...

Tomás Segovia
Entre tes cuisses tièdes, il palpite
Un coeur noir, profond, fébrile et parti,
Somnambule au battement amorti
Par d'obscures racines qui l'abritent ;

Un coeur velu, chevelu, qui m'invite,
Plus que l'autre cordial, ému, ami,
À entrer comme chez moi, dans mon nid,
Jusqu'à toucher le râle qui t'habite.

Quand tu reposes nue, tremblante, offerte,
Quand avidement, les jambes ouvertes,
Jusqu'au fond de toi pour moi tu te fends,

Tu peux ouvrir ton coeur à mon ardeur,
J'enfouis ma langue au ventre que tu tends,
Par le dedans je peux baiser ton coeur.

(Trad. Jean-Jacques Pécassou)

*

Entre tes cuisses tièdes en sourdine palpite
Un coeur noir plein de fièvre et du déchirement
D'un ancien somnambule et vague battement
Qui d'obscures racines lui-même se suscite.

Un coeur sombre et velu qui, généreux, m'invite
Plus que l'autre, cordial, hésitant et tremblant
À pénétrer chez moi, dans le nid avenant
Jusqu'à pouvoir toucher le cri pur qui t'habite.

Quand tu gis toute nue, offerte et consentante
Quand tu ouvres tes jambes, avide et réticente,
Pour te fendre et t'ouvrir jusqu'au fond de toi-même,

Tu peux ouvrir un coeur, et si pour mon bonheur
Je fais entrer ma langue au centre du diadème
Je dépose un baiser au-dedans de ton coeur.

(Trad. Louis Panabière)
© Tomás Segovia
"Entre los tibios muslos te palpita". in Figura y melodias (1973-76)