Un moment je suis seul : toi, là en bas,
Tu te débats à l'entour de ma chose,
Délicate et vorace, bouche éclose,
Tout absorbée par ton tremblant ébat.
Toute ferveur, baiser et prévenance,
Toute salive douce qui m'arrose,
Fièvre charnelle, tu ouvres la rose
Des vents vertigineux où je m'élance.
Mais la brèche entre plaisir et démence,
À mesure que tu tends la cadence,
Me disloque, intolérable et farouche,
Et puis me rompt, et je suis pur éclat,
Un moi sans moi aveugle et tien qui bat
Et qui renaît dans la nuit de ta bouche
(Trad. Jean-Jacques Pécassou)
*
Voici que je suis seul, et toi tu es en bas
Tu agites pour moi une bouche pulpeuse,
Délicate et vorace, douce autant que fougeuse,
Fébrile et attentive au travail qui me boit.
Toute ferveur, baiser, hommage délicat,
Toute suave salive et caresse juteuse
Charnelle et exaltée, tu élargis, fiévreuse,
Cette rose des vents de vertige et d'ébats.
Mais le gouffre ténu entre jouir et démence,
À mesure que tu augmentes la cadence,
Intolérablement me brise et puis, farouche,
À la fin me disloque, je ne suis plus qu'éclats,
Un moi sans moi à toi qui aveuglément bat,
Qui se forme et se crée dans la nuit de ta bouche.
(Trad. Louis Panabière)
Tu te débats à l'entour de ma chose,
Délicate et vorace, bouche éclose,
Tout absorbée par ton tremblant ébat.
Toute ferveur, baiser et prévenance,
Toute salive douce qui m'arrose,
Fièvre charnelle, tu ouvres la rose
Des vents vertigineux où je m'élance.
Mais la brèche entre plaisir et démence,
À mesure que tu tends la cadence,
Me disloque, intolérable et farouche,
Et puis me rompt, et je suis pur éclat,
Un moi sans moi aveugle et tien qui bat
Et qui renaît dans la nuit de ta bouche
(Trad. Jean-Jacques Pécassou)
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Voici que je suis seul, et toi tu es en bas
Tu agites pour moi une bouche pulpeuse,
Délicate et vorace, douce autant que fougeuse,
Fébrile et attentive au travail qui me boit.
Toute ferveur, baiser, hommage délicat,
Toute suave salive et caresse juteuse
Charnelle et exaltée, tu élargis, fiévreuse,
Cette rose des vents de vertige et d'ébats.
Mais le gouffre ténu entre jouir et démence,
À mesure que tu augmentes la cadence,
Intolérablement me brise et puis, farouche,
À la fin me disloque, je ne suis plus qu'éclats,
Un moi sans moi à toi qui aveuglément bat,
Qui se forme et se crée dans la nuit de ta bouche.
(Trad. Louis Panabière)
© Tomás Segovia
"Un momento estoy solo : tu alla abajo". in Figura y melodias (1973-76)
"Un momento estoy solo : tu alla abajo". in Figura y melodias (1973-76)