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L'espace raccourci mais surprenant
Qui va de la voix aérienne et pure
De ta gorge fraîche jusqu'à l'obscure
Melopée du con profond et fervent

Suffit à rendre à mon âme présent
Ce que tu as de fée et de naïade,
Vol dans l'éther et dans l'azur baignade,
Mais qui se fonde ténébreusement.

Quel don as-tu, également sublime
D'offrir au ciel ton rire et à l'abîme
Secrètement ta vaillance béante,

D'être doublement pour mon enthousiasme
Volatile, enfantine quand tu chantes,
Et redoutable et femme dans l'orgasme.

(Trad. Jean-Jacques Pécassou)

*

Cette courte distance, brève mais surprenante,
Qu'il y a de la voix fraîche, ailée et fluette
Du clair roucoulement de tes mots à la muette
Voix de ton con profond, monocorde et fervente

Suffit pour que je sache et me représente
En toi la fée, la néréide ou la filette
Qui volent dans les nues et nagent dans l'eau nette
Tout en prenant leur source aux ténébres ardentes.

Quel don inégalé qui fait qu'en même temps
Tu t'ouvres à la lumière et puis secrètement
Tu plonges dans l'abîme, obstinée, courageuse,

Que j'aie pour moi en toi à la fois l'enthousiasme
Volatil et léger de gamine joueuse
Et de la femme même le terrifiant orgasme.

(Trad. Louis Panabière)
© Tomás Segovia
"El breve trecho, pero sorprendente". in Figura y melodias (1973-76)