Bien avant... Depuis lors...
Jean Richepin
Bien avant d'avoir pu contempler à mon gré
Ta statue en chair toute nue,
J'avais vu tout ton corps, quoiqu'il me fût muré,
Et sa beauté m'était connue.
Des corsages jaloux traversant les rideaux,
Mes yeux touchaient ta gorge blanche ;
Et j'avais deviné la chute de ton dos,
Ta croupe, ton ventre, ta hanche,
Ton mollet rond, ta cuisse au contour ferme et plein,
Rien qu'à voir ta cheville preste,
Le bas de jambes est comme un espion malin
Qui trahit les secrets du reste.
*
Depuis lors je t'ai tenue
Entre mes doigts curieux.
J'ai vu la chair toute nue
Sous mes yeux.
J'avais bien deviné juste
Tes invisibles trésors,
Tes flancs, tes reins et ton buste,
Tout ton corps.
Il faudrait un dithyrambe
Pour célébrer tes appas.
Car, sang-dieu ! ton bas de jambe
Ne ment pas.
Ta statue en chair toute nue,
J'avais vu tout ton corps, quoiqu'il me fût muré,
Et sa beauté m'était connue.
Des corsages jaloux traversant les rideaux,
Mes yeux touchaient ta gorge blanche ;
Et j'avais deviné la chute de ton dos,
Ta croupe, ton ventre, ta hanche,
Ton mollet rond, ta cuisse au contour ferme et plein,
Rien qu'à voir ta cheville preste,
Le bas de jambes est comme un espion malin
Qui trahit les secrets du reste.
*
Depuis lors je t'ai tenue
Entre mes doigts curieux.
J'ai vu la chair toute nue
Sous mes yeux.
J'avais bien deviné juste
Tes invisibles trésors,
Tes flancs, tes reins et ton buste,
Tout ton corps.
Il faudrait un dithyrambe
Pour célébrer tes appas.
Car, sang-dieu ! ton bas de jambe
Ne ment pas.
in Les Caresses (Ed. définitive de 1882)