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- Ma fiancée, ô ma gentille Annette ! 
Bientôt l'hymen comblera tous nos vœux.
Huit jours encore !... à chaque instant j'répète : 
Qu'il tarde à v'nir le moment d'être heureux !

 

- Tout ainsi qu'vous, ami Charles, j'désire 
L'instant qui doit à jamais nous unir.
Le jour, la nuit, chaqu'fois que je respire, 
Comm' vous j'répète :
Ah ! qu'ça tarde à venir !

 

- Oui, nous ferons le plus joli ménage : 
Tout nous promet d'embellir notr' destin.
En attendant, d'amour il m'faut un gage : 
Laiss'moi cueillir quelqu' fleurs de ton jardin.

 

- Bien volontiers ! Choisissez les plus belles, 
Celles dont l'parfum vous semblera l'plus doux. 
- Je n'veux cueillir que deux roses nouvelles. 
- Oh ! si c'n'est qu'ça, Charles, contentez-vous.

 

Eh quoi ! votr' main soulève ma col'rette!
- C'est pour cueillir les boutons de ton sein. 
- Charles, écoutez : je n' suis prud' ni coquette ; 
Mais je n' saurais permettre un tel larcin.

 

- A mon bonheur ainsi donc tu t'opposes ?
Moi qui t'aim' tant ! Annette, c' n'est pas bien. 
- Si j' vous laissais cueillir ainsi mes roses, 
L'jour d'not' mariage, il ne m'rest'rait plus rien.

 

Filles, suivez l'exemple utile et sage
Qu'la fiancée ici vient vous offrir.
Si vous voulez du bonheur en ménage
A vos amants, n'laissez pas tout cueillir.
in Choix de Chansons Galantes d'Autrefois - par Paul Marion (Ed. H. Daragon, 1911)