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Mirely de mes nuits d'été
Il me souvient de Léontine
Par qui mon phallus enchanté
Avant minuit chantait matines
En s'effoutant de volupté

 

Il me souvient de Jeanne Ysaye
Dont le cul tenait des disours
Aux oreilles de mes deux cailles
Parlez parlez parlez toujours
Nous n'en sommes qu'aux fiançailles

 

Il me souvient de Félicie
Que je connu le jour de Pâques
Et dont la moniche roussie
S'ouvrait en coquille Saint-Jacques
De septembre à la fin Avril

 

Il me souvient de Wilhelmine
Qu'un Berlinois sodomisait
Et dont la rosette violine
Etait poivrée tel un oeillet
Que perce une guêpe assassine

 

Il me souvient de la doña
Qui faisait l'amour en cadence
Et dont la figue distilla
Un alcool d'une violence
Mais je ne vous dit que cela

 

Il me souvient aussi d'Alphine
Qui faisait la chaussée d'Antin
Sa barbiche était si roussine
Qu'on eût dit un feu mal éteint
Rallumant le brandon des pines

 

Je me rappelle encor Germaine
Dont les revers étaient marqués
Par les perpignans de l'Urbaine
Arrêtez arrêtez cocher
Je décharge comme une reine

 

Mais j'ai perdu Rose et Laurence
Les belles au cul étoilé
Tuées sans doute par vengeance
Dans un petit bal de quartier
Réputé pour sa turbulence
© Guillaume Apollinaire
in Le Verger des amours (1924)