Que de charmes !...
Pierre Corneille Blessebois
"Que de charmes ! dit-il alors ;
L'adorable et le divin corps !
Le beau conduit qui mène à l'âme "
Et puis, redoublant ses transports
Et la liberté de sa flamme ;
"Le bel animal que la femme !
Voyons si le dedans est comme le dehors."
Il se glissa vers la partie
Où l'amour met l'honneur en sac ;
Car son vit s'allongeait de même qu'un ziczac
Et ne faisait jamais une lâche sortie.
Il était mieux fourni de poils frisés et noirs
Qu'un bœuf n'est bien muni de cornes,
Il était plus grand que les bornes
Dont on divise les terroirs.
Au manche d'une hache il était comparable,
Il répandait son sperme à gros bouillons,
Il était enrichi de deux hardis couillons,
Et pour vous témoigner qu'il était admirable,
C'est qu'il était ailé comme les papillons.
Trois fois, sans déconer, il réchauffa la sauce.
Et la belle endormie ouvrit alors les yeux ;
"Méchant, s'écria-l-elle, amant malicieux,
Puisqu'aujourd'hui l'amour t'exauce,
Dis-moi, n'aurais-tu pas fait mieux
De me donner ma part d'un bien si précieux ?
Que ne m'éveillais-tu, cette douceur est fausse ;
Toi, ne m'approche plus, sommeil pernicieux !"
in Le rut ou la pudeur éteinte (1676)
p. 132-133 de l'édition Civilisation nouvelle de 1970 "Le Zombi du grand Pérou et autres oeuvres érotiques"