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Je ne sais que je dois dire,
Afin de vous réjouir
Sus, sus commençons à rire,
De Jeanne qui toujours rit :
Dites tout s'en que voudrez,
J'aime bien les bilboquets.

 

Sa mère lui dit ma fille
Vous êtes une becquenots*,
Vous aimez ce qui frétille,
Et tout ce qui n'a point d'os.
Dites tous s'en que voudrez,
Vous aimez les bilboquets.

 

La fille répond ma mère,
C'est un jeu qui est si gai,
Que je ne suis en colère
Que lorsqu'il n'est partout vrai.
Dites tout s'en que voudrez,
Vous aimez les bilboquets.

 

Je le prend et je le dresse,
J'en fait tout ce que je veux,
Le mignarde et le caresse,
Les mets dans mon entre-deux
Dites tout s'en que voudrez,
Vous aimez les bilboquets.

 

Si je n'étais point ridée,
Comme les fesses à Gilon,
Les yeux d'une truie brûlée,
Les dents noires comme un charbon.
Toujours quelque mal batit,
A moi prendrait appétit.

 

Quand j'étais jeune galande
Je vous jure sur ma foi,
J'avais toujours de la viande,
Pour mon mari et pour moi,
Et si d'un pauvre Jan cul
J'avais toujours un écu.

 

Bonsoir, bonsoir ma voisine,
Qu'est-ce que vous dit le coeur,
Si tôt que j'ai bu chopine.
Je ne sens nulle douleur,
Frétillons, frétillons-nous,
C'est un jeu qui est bien doux.

 

* bavarde
- 1665 -in Chansons du Savoyard (Ed. J. Gay, 1862, p. 14-15)