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Sur l'amour que deux femmes...

Mathieu Montreuil
Sur l'amour que deux femmes ont l'une pour l'autre 
  
Cloris, la passion pour moi que tu ressens, 
Par les naissants accès d'une ardeur violente, 
Est-ce feu tout pareil qui règne sur mes sens
Par les vives ardeurs d'une flamme naissante ? 

 

Ainsi, nos cœurs, unis par des liens puissants, 
Jouissent des plaisirs que l'Amour leur présente. 
Je me trompe, Cloris : nos feux sont innocents, 
Et leur conformité rend l'ardeur impuissante. 

 

Mais, puisqu'il faut céder à la nécessité, 
Consolons-nous, ma sœur, en cette adversité, 
Et souffrons sans regret ces impuissantes flammes 

 

Que si quelqu'un, un jour, nous reproche nos feux,
Nous lui dirons qu'Amour, en embrasant nos âmes,
Trouva manque d'un trait pour l'une de nous deux.
in Poésies de M. de Montreuil augmentées de pièces inédites, préface et notes par Octave Uzanne. (Jouaust - Librairie des Bibliophiles, 1878)