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Après tant de baisers cueillis sur votre bouche
Si mon esprit se plaint, et n'est pas satisfait,
C'est que je voudrais voir par un plus doux effet,
Que mon amour vous plaît, et que mon mal vous touche.

 

Ne me soyez donc plus si dure et si farouche ;
Souffrez que j' idolâtre, et je baise à souhait
Ces deux globes jumeaux, ces deux gazons de lait,
Dont la beauté pourrait émouvoir une souche.

 

Tu ne voulais de moi qu' un baiser, dites-vous ;
Il est vrai, ma Cloris, mais ce bien est si doux,
Que plus on en possède, et plus on en désire.

 

En cela le plus riche est le plus indigent ;
Et puis n'avez-vous pas mille fois ouï dire,
Que l'appétit croît en mangeant.
in Poésies Diverses de Mr Colletet contenant des sujets héroïques, des passions amoureuses et d'autres matières burlesques et enjouées (Ed. L. Chamhoudry - 1656)