Partager |

Deux belles s'aiment tendrement, 

L'une pour l'autre s'interesse, 

Et du même trait qui les blesse 

Elles souffrent également.

 

Sans se plaindre de leur tourment, 

Toutes deux soupirent sans cesse, 

Tantôt l'amant est la maitresse, 

Tantôt la maitresse est l'amant ;

 

Quoi qu'elles fassent pour se plaire, 

Leur coeur ne se peut satisfaire, 

Elles perdent leurs plus beaux jours ;

 

Ces innocentes qui s'abusent 

Cherchent en vain dans leurs amours 

Les plaisirs qu'elles nous refusent.

in Le libertinage au XVIIe siècle. Disciples et successeurs de Théophile de Viau : la vie et les poésies libertines inédites de Des Barreaux et Saint-Pavin, par Frédéric Lachèvre (Ed. Champion,  1911 - p. 460)