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Ah ! si j'étais une FOURMIS,
Je m'en irais sans plus attendre
Me mettre au travers du treillis,
De ma belle la basse-chambre.

 

Je vous feray si bien mon cas,
Qu'après avoir la promenade
Fait tout autour ; dedans son BAS
Je lui donnerais une pinçade.

 

Après cela, incontinent
Qu'elle voudrait de sa main tendre
Cette FOURMIS tout doucement
Attrapper ; je lui ferais prendre

 

Une FOURMIS, ô quel plaisir !
Qui à l'autre est bien différente.
Car de celle-ci, pour ne mentir,
La race en est plus excellente.

 

Elle sait si bien fourmiller,
Chatouiller, trouver sa tanière,
Qu'elle ne veut point sommeiller,
Mais va cherchant sa fourmillière :

 

Et suis assuré, qu'une fois
Qu'elle l'aurait en main tenue,
Elle voudrait cent mille fois
Sur un jour coucher toute nue.

 

Elle ne souhaiterait mieux
Que ma FOURMIS bien fourmillante,
Pour aplanir son BAS rabotteux,
Que toujours dedans fut glissante.

 

Laisse donc belle ma FOURMIS
Fourmiller, par ton descendre,
Tu connaîtras que morts et VIES
Sont pour conjoint, à toi se rendre.
in Poèmes d'amours où se voyent les diversités amoureuses (Ed.Imp. Paul Ravesteyn , Amsterdam, 1616)