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Aristide Bruant

Ses chansons populaires, sa voix puissante et sa présence scénique ont fait d'Aristide Bruant (1851-1925) un monument de la chanson française Il est considéré comme un des plus grands poètes de l'argot et comme l'un des créateurs de la chanson dite réaliste.
Né dans une famille bourgeoise, pendant ses études il collectionne les premiers prix de grec, de latin, d'histoire et de musique vocale et compose sa première chanson dès l’âge de 11 ans.
Suite à des revers de fortune, son père — alcoolique et ruiné — ne peut plus payer ses études et Aristide doit travailler pour faire vivre sa famille. Il devient ouvrier-bijoutier, travaillant les pierres précieuses dans les arrière-boutiques, et commence donc ainsi à côtoyer la classe ouvrière et les miséreux dans sa vie quotidienne,  à l’écoute de leurs confidences et s'initiant à leur jargon.
Il se passionne pour l’argot dont il se met à rechercher les origines jusqu'à François Villon et les coquillards. Il compose des romances populaires, des chansons comiques et sociales. Il fait ses débuts dans les goguettes et y rencontre un succès grandissant.
Son ami Jules Jouy va lui ouvrir les portes du cabaret à la mode Le Chat Noir en 1881. Dans ce cénacle de l'élite poétique et selon ses propres mots : « Un nouveau Bruant est né !... Et ce Bruant-là va dire deux mots à la foule des fils-à-papa, des fainéants, des incapables !... Il leur criera la haine menaçante des pauvres et des révoltés... ainsi que la douleur blottie dans les bas-fonds... ».
Il poursuit la formule au Mirliton, où il se met à insulter copieusement les bourgeois qui viennent le voir chanter et… apprécient ! Debout sur une table, il tonne d'une voix forte des : « Tas de cochons ! Gueules de miteux ! Tâchez de brailler en mesure. Sinon fermez vos gueules. » et si quelques jolies dames se montrent offensées, il leur sert du : « Va donc, eh, pimbêche ! T'es venue de Grenelle en carrosse exprès pour te faire traiter de charogne ? Eh bien ! T'es servie ! »
La verdeur de ces propos, les journaux qu’il fait paraître (La Lanterne de Bruant, Le Mirliton), ainsi que les affiches qu'il commande à son ami Toulouse-Lautrec, ne sont pas les seules raisons de son succès. On se déplace pour l'écouter chanter les peines et les joies des bas-fonds et de la crapule, alors à la mode avec les œuvres des Zola, Goncourt ou encore Huysmans…
La publication du premier volume de ses œuvres (monologues et chansons) intitulé Dans la rue fait sensation. Les critiques sont enthousiastes. François Coppée le fait recevoir à la Société des gens de lettres en 1891 et ses chansons sont mises aux répertoires d'artistes célèbres de l’époque. En 1895, il part même en tournée internationale.
Avec la gloire et la fortune il s'offre un château à Courtenay (1897) et déclare : «  Pendant huit ans, j'ai passé mes nuits dans les bocks et la fumée ! J'ai hurlé mes chansons devant un tas d'idiots qui n'y comprenaient goutte et qui venaient, par désœuvrement et par snobisme, se faire insulter au Mirliton... Je les ai traités comme on ne traite pas les voyous des rues... Ils m'ont enrichi, je les méprise : nous sommes quittes ! » (Propos rapportés par Adolphe Brisson dans Portraits intimes)
Peu à peu, il se retire de la chanson pour se consacrer à l'écriture de quelques pièces de théâtre et d’une quinzaine de romans, jusqu'à un ultime retour sur scène en 1924 où il fait un triomphe avant de mourir l'année suivante.
Dans sa poésie apparemment simple, la puissance du raccourci et la précision du terme dissimulent de longues recherches (plusieurs mois pour une chanson). Il lui faut moins de temps pour composer les mélodies qu'il veut nostalgiques et dépourvues de fioritures.

Ses textes

À Grenelle