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L'alternative ou La maitresse charitable

Une soubrette à sa maîtresse
Cacha si longtemps qu'elle put,
Certaine preuve de grossesse,
Mais la grossesse enfin parut.
— « Eh bien! Marine ?
Est-ce ainsi que l'on se conduit ? »
— « Madame, un scélérat..., d'une humeur libertine,
Un jour me prit...
De force... et, malgré moi, me fit
Blessure là... (montrant du doigt la place).
Hélas ! je demandais grâce,
Et plus avant sa main allait
Sous mes jupons, dans mon corset :
Je me mis à crier... j'égratignai le traître,
Je le mordis...,
En pièce je faillis le mettre...,
Et tout ce qu'il faut faire... en ce cas je le fis
Il ne peut qu'y paraître
Vraiment !
En ce moment,
Madame, si vous m'aviez vue,
La cuisse en l'air, la gorge nue...
Me débattre en mon désespoir ! »
— « Chansons ! Il suffisait de ne pas le vouloir
Regarde cet anneau que de mon doigt je tire :
Tâche, Marine, de pouvoir
Y faire entrer le tien. » L'Agnès se mit à rire ;
Puis, ajustant l'index, veut l'introduire,
Elle pousse, l'autre retire ;
Et l'anneau sans cesse agité
Dans un sens tout à fait contraire,
Allant venant en liberté,
Lasse la pauvre chambrière.
— Eh! mais, comment
Est-il possible que j'enfile,
Si vous n'arrêtez un moment ? »
— « A ce point-là, quoi ! tu fus imbécile ?
Malheureuse !... Précisément
C'est là ce qu'il fallait faire,
Et ta pudeur serait encore entière. »
— « Oui, mais le cas, madame, était embarrassant,
Car, c'est au dépens du devant
Que j'ai pu sauver le derrière. »
— « Que ne le disais-tu d'abord ? C'est différent. »