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Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées,
Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées,
Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu !
J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire,
Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,
Au chevet de mon lit, te voilà revenu.

Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde,
Mets la main sur mon coeur, sa blessure est profonde ;
Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé !
Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse,
N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse,
Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé !

 

 

* * *

Lettre de Musset à Sand :

« QUAND je jure à vos pieds un éternel hommage
VOULEZ-vous qu'inconscient je change de langage
VOUS avez su captiver les sentiments d'un cœur
QUE pour adorer forma le Créateur.
JE vous aime et ma plume en délire.
COUCHE sur le papier ce que je n'ose dire.
AVEC soin, de mes lignes, lisez les premiers mots
VOUS saurez quel remède apporter à mes maux. »

Réponse de Sand :

« CETTE indigne faveur que votre esprit réclame
NUIT à mes sentiments et répugne à mon âme »

 

(1835)

 

*

 

Une autre fameuse lettre codée de George Sand à Alfred de Musset