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Mon beau Martien, venez céans
Me baiser de votre ventouse !
Quand vous me prenez, je me sens
Presque autant mâle que tantouse !

Entourez-moi d'un tentacule,
D'un second branlez-moi le noeud,
Et qu'un autre encore m'encule,
Ô mon cher Polype laiteux !

Comme un enfant, comme une femme,
Je me perds dans ce corps sans âme
Et je ne sais plus qui je suis :

Être humain, pierre, plante ou bête ?
J'en vais bientôt perdre la tête...
Le parfait amant que voici !
© Pierre Gripari
in L'enfer de poche, poèmes libertins (Ed. L'Age d'Homme, 1981)